Un peu dintelligence sil vous plait !
Arrivée à Warehouse, le camp militaire de l’ISAF où est situé l’hôpital français, les Afghans attendent en ligne. « Toi, viens » L’homme est d’âge mur, il pourrait être le père de ce soldat, mais la barrière de la langue semble empêcher toute marque de respect ou simplement de politesse.
J’entre avec deux françaises afin de passer la fouille obligatoire, sans rien dire. « Turn please » me dit-elle d’un ton sec. « Pas de problème, je peux le faire » Le fait que je parle français, l’étonne au plus au point. « Tu es française, mais ça va pas d’être dans ce pays, tu es folle, c’est nul ici ». Touchée à vif, je sors mon costume de super méchante ! « Excuse moi tu es déjà sortie d’ici ? Je travaille avec les Afghans, je vis avec eux et ce pays est formidable ». « Ah oui, vu comme ça… » Tente-t-elle de répondre. Mais il est trop tard. « Quand on ne connaît pas, on ne juge pas »
A l’hôpital, je me retrouve nez à nez avec une dizaine de médecins français quelque peu dédaignants. « Bon et toi quand quittes tu ce pays ? » « Ah putain moi je dois attendre encore jusqu’à mars… » Mon patient étant en consultation, je m’excuse en dari à mon voisin Afghan qui malheureusement comprend le français. J’ai honte. Mon patient sort sans information alors que l’on tente de nous conduire à la sortie.
Je reprends ma langue maternelle pour demander ce qu’il en est. « Ben, il a un cancer », sortira le médecin sur un ton des plus anodins.
B. a 52 ans. Il est le père de 5 enfants. Il fait partie de ces personnes à avoir tout perdu à cause de son honnêteté. Aujourd’hui, il est malade. Ici, à Kaboul, la chimiothérapie n’est pas envisageable.
« J’ai plus de travail, j’ai pas de maison, j’ai presque plus de vie maintenant, mais j’ai des amis… », Dira-t-il fièrement en sortant de l’hôpital. Demain, il s’envole pour le Pakistan pour se faire soigner, son entourage s’est cotisé pour lui sauver la vie.
Chaque patient est une personne, a une vie, une histoire. Je ne demande pas de miracle juste un peu de respect. Je ne cherche pas à faire de l’anti militarisme de base mais parfois je me laisserais bien tenter…