Encore une perle journalistique...

Publié le par Mel

Dans le Panchir, cinq ans après la conquête de Kaboul, l'amertume des héritiers de Massoud , par Frédéric Bobin

LE MONDE | 18.11.06 |

BAZARAK (VALLÉE DU PANCHIR) ENVOYÉ SPÉCIAL

Au pied de gorges nues, la rivière Panchir déroule son filet d'écume nacrée. Flambant neuve, la route sinue, butant par endroits sur des troupeaux de moutons guidés par un berger coiffé du pacol, le béret aux bords retournés qu'affectionnent les Tadjiks afghans. Le soleil d'automne miroite sur les crêtes enneigées. A 150 km au nord de Kaboul, la vallée du Panchir est une région enclavée, à la fierté ombrageuse, vivant encore dans le culte d'Ahmad chah Massoud, l'enfant du pays - assassiné deux jours avant le 11 septembre 2001 - qui tint tête aux Soviétiques et aux talibans, et dont les hommes conquirent Kaboul il y a cinq ans, en novembre 2001.


Les stigmates des combats passés n'en finissent pas de griffer le paysage. Les chars russes sont toujours là, carcasses au canon tordu rouillant dans les champs. Les maisons en pisé éventrées se comptent par dizaines.

Au volant de son 4×4 rutilant, Torialey Ghiassi commente, raconte, tend le bras pour pointer un ancien camp de réfugiés ou le site d'escarmouches avec l'Armée rouge. [...]

Aujourd'hui, il est inquiet. Cinq ans après la chute des "étudiants en religion", il ne voit guère les progrès de la reconstruction. Bien sûr, il y a la nouvelle route ou l'apparition de riches villas, propriétés de chefs panchiris enrichis à Kaboul. [...]

Les panchiris sont amers, déçus. Ils s'estiment bien mal récompensés de leurs sacrifices passés. "La résistance contre les Russes et les talibans a eu lieu ici, poursuit M. Ghiassi. Pourtant, le gouvernement n'a jamais vraiment reconnu notre contribution à la libération de l'Afghanistan. Nous sommes ignorés. Il n'y a plus de ministres panshiris à Kaboul. Et on nous demande presque pourquoi nous avons combattu les talibans."[...]

Dans la salle de palabre, où l'on s'assied sur des tapis rouge sang, un servant pose sur la table un plateau de raisins secs et de pistaches.

Kaka Tajudin a le geste théâtral et une longue barbe grise que plissent régulièrement de bruyants éclats de rire. "J'ai plus d'autorité ici, chez moi, que Karzaï n'en a sur le pays, se gausse-t-il. Il faudrait à Kaboul des chefs qui ont de l'expérience pour faire face à une situation qui, en fait, n'a pas changé. Nous, nous avons cette expérience. Mais les dirigeants actuels, qui sont revenus de l'étranger, ne savent pas comment faire."

Les Tadjiks du Panchir reprendraient-ils les armes si les talibans - majoritairement issus de l'éthnie rivale pachtoune - revenaient à Kaboul ? Soudain, Kaka Tajudin prend un air mystérieux : "Nous déciderons le moment venu."

Mais, à ses côtés, son ami Mohammed Aziz Azimi, un ancien technicien de la télévision, s'embarrasse de moins de prudence : "Bien sûr que nous les combattrons à nouveau. Plutôt mourir que de se rendre aux talibans."


Je me suis permis de souligner les meilleurs passages, un grand reportage plein d'intérêts...  Un article illustré par un soldat britannique à Kandahar, bravo... Si même Le monde s''y met...

Voilà le Panjshir, mon Panjshir...


 

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